Santé : 75% de gaspillage des médicaments
Dans leur dernier « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles et… dangereux », les professeurs Even et Debré révèlent mettent le point sur les efficacités des médicaments remboursés par la Sécurité sociale.
Après une expertise sur 4000 médicaments, les spécialistes ont conclu que 50% d’entre eux sont inutiles, 20% sont mal tolérés par les malades et 5% peuvent s’avérer très dangereux. Pour Philippe Even, directeur de l’Institut Necker, il s’agit d’un véritable gaspillage d’une valeur estimée entre 10 et 15 milliards d’euros par an.
Des effets placebo
En dénonçant l’inefficacité de l’industrie pharmaceutique, les deux spécialistes se basent sur l’analyse de 20 000 références de recherches internationales visibles à l’Institut Necker. Que ce soit pour les antiasthmatiques, les antidiabétiques, les anti-inflammatoires et les anti-tabac, Even et Debré ont observé une politique de santé contre-productive dans une industrie pharmaceutique qui ne cherche plus qu’à stabiliser son chiffre d’affaires. Bernard Debré insiste : « Il y a des familles de médicaments qui semblent inefficaces, par exemple, les vénotoniques. Qu’est-ce que c’est, les veinotoniques ? Ça voudrait dire que les veines sont entourées de muscles, alors que ce n’est pas le cas, donc le veinotonique ne sert pas à grand-chose ». Il ajoute même qu’il s’agit de « médicaments de grand-mère qui sont souvent avec des effets placebo et d’une efficacité nulle ou très relative ».
Une réelle suprescription
Nombreux sont les Français qui ont tendance à faire confiance aux médecins qui prescrivent le maximum de médicaments possible pour traiter une maladie. Pour Bernard Debré, « Il y a deux raisons à cela. D’abord, l’enseignement de la thérapeutique, qui n’est pas mauvais, n’est pas suffisant. A 30, 40, ou 50 ans, quand les médicaments arrivent, on n’est pas forcément aptes à bien les connaitre. Et puis il y a les malades eux même qui, lorsqu’ils vont voir un médecin, ne peuvent pas imaginer repartir sans ordonnance. La plupart est parfaitement raisonnable, mais beaucoup aussi prescrivent, surprescrivent, et ça devient assez dangereux ».
Des avis divergents
Du côté des pharmaciens, le nombre de médicaments est indispensable. Pour Brigitte, « Chaque individu est différent. Même si nous avons les même gènes, nous n’avons pas la même façon de métaboliser, ce qui explique la multiplicité des médicaments et l’efficacité ou la non efficacité du même médicament chez les individus ». De son côté, Gilles Bonnefond, Président de l'Union des pharmaciens d'officine confirme : « « Il faut arrêter d’exagérer et de faire un débat qui dit que les médicaments ne sont pas efficaces. Sans médicament, on ne peut pas se soigner, conclut-il. Vous savez, il y a un débat sur l’homéopathie, qui dit que ça ne sert à rien… Mais si le patient est soulagé par un médicament homéopathique et qu’il n’a pas accès à des molécules qui pourraient avoir des effets secondaires, alors tant mieux ».